Photo : Elisabeth Bergeron
Collage : Juliane Decerf
AZIZA | Paléoanthropologie |
Juliane Decerf
Biography
Julianne Decerf est une artiste en danse qu’on pourrait apparenter à une théière très colorée, aux ornements minutieux et aux formes rondes.
Formée en danse classique et contemporaine, Julianne (elle/iel) s’installe à Montréal / Tiotià:ke en 2017, où elle développe une pratique chorégraphique interdisciplinaire. Elle déverse son liquide dans une multitude de tasses dépareillées - qui vont, somme toute, assez bien ensemble. Parmi celles qu’elle préfère, il y a la tasse de chorégraphe, la tasse danseuse-interprète, la tasse de pédagogue, la tasse artiste-visuelle, la tasse geek de dramaturgie. Sur scène, Julianne cherche le viscéral - souvent et l'incarnation - toujours.
Sa démarche de création mêle danse, performance, théâtre, arts visuels et collaborations avec d’autres disciplines, comme dans Médusa (performance - théâtre - danse) ou Douze mois dans une chienne de vie (projet d’opéra dansé). Julianne est particulièrement intéressée par les formes de création participatives et les mécanismes dramaturgiques de médiation.
Julianne se réalise par le partage — un partage généreux et multiple, ancré dans un engagement envers la médiation artistique et la transmission. Elle se veut un pont entre les mondes, entre les langages artistiques, entre les publics. Elle infuse chaque gorgée d’une vision où le corps, le temps et l’espace s’entrelacent, s’étirent, et se façonnent comme une pâte à modeler, pour mieux explorer les enjeux esthétiques, intellectuels et politiques de ses œuvres.
À l’heure actuelle, Julianne défriche de nouveaux champs de création, elle cultive la forme d’un solo nommé AZIZA.
Artistic Approach
AZIZA existe car j’ai la conviction - tout comme les traumas intergénérationnel se transmettent- de porter dans ma chair, dans mon corps les preuves du corps de mes ancêtres : la corporéité, les mouvements et les histoires. J’ai besoin d'identifier la présence de mes ancêtres dans ma chair pour trouver mon appartenance à la filiation complexe et déracinée de laquelle je suis issue (je suis issue d’un métissage, d’une histoire mixed-race).
Je baigne dans la matière de cette recherche depuis septembre 2024. Dans un premier temps, j’ai mené une fouille sensible des archives, des photos de famille, des récits transmis. J’ai aussi forgé un vocabulaire d’images, de mouvements, d’états propre à cette quête.
Parmi toutes les lucarnes mises à jour dans une première étape, AZIZA | Paléoanthropologie | est la lucarne que j’ai décidée d’ouvrir. J’éprouve le besoin de recentrer mon travail pour l’approfondir et m’assurer de la justesse de mon propos. Je tente à la façon d’une auto-autopsie d’un corps vivant- couche après couche -pénétrer mon épiderme, puis mes organes, mes os, ma moelle et mes viscères pour faire émerger ce dont mon corps a hérité, ce qu’il a appris par mimétisme et ce qu’il sait de façon plus ou moins intuitive de ceux·elles qui l’ont précédés et qui le constitue.
Accompagnée par le précédent de ma recherche, sans rationaliser, tour à tour, sans ordre établi ni prémédité, je laisse mon corps être saisi par les corps-états de Mama Jouli, Mémé Hélène Louna, Mamie Jeannine, Tonton Richard, Papi Decerf, Tata Annie, Tonton Jean-Pierre…